Nous évoluons dans une société élitiste. J’en parle dans un précédent article, l’échec est souvent mal perçu et source de stress pour l’individu qui le subit. Face à cette peur, nous pouvons développer un trouble du comportement : le perfectionnisme. L’obsession du détail, la poursuite perpétuelle de la perfection… Ces comportements ne répondent pas à une recherche d’excellence, mais plutôt à l’atteinte d’un standard irréalisable.

Cette  « pathologie » influence : l’organisation générale, la satisfaction personnelle, le respect des délais, les relations sociales, l’efficacité et la productivité. Ceci n’est qu’une liste très succincte des aspects de la vie qui sont affectés par le perfectionnisme. Ce qu’il faut retenir c’est que ce penchant empêche d’avancer. L’assimilation à l’échec se cache derrière des objectifs inaccessibles. Le perfectionniste ne termine jamais ce qu’il a commencé et il abandonne souvent ses travaux par peur de ne pas être parfait !

Comment maîtriser votre penchant pour le perfectionnisme maladif ? C’est justement ce dont nous allons parler dans cet article. Nous allons étudier comment ajuster son système de valeur, changer sa vision de l’aboutissement et désamorcer ses pensées automatiques.

Qu’est-ce que le perfectionnisme ?

Le perfectionnisme est une forme de procrastination intelligente. Pourquoi intelligente ? Parce que nous repoussons les deadlines, mais  — nous semble-t-il — pour les bonnes raisons. Nous nous sentons bien et ne ressentons donc pas de culpabilité.

En vérité, ce qui motive le perfectionniste vient de plus loin. Au commencement, c’est souvent la peur de mal faire, la peur du regard des autres, la volonté de faire mieux que le voisin ou une mauvaise estime de soi qui déclenche cette  « pathologie ».

Cela se transcrit par :

  • L’incapacité de déléguer ;
  • Une vision biaisée de l’échelle de valeurs ;
  • Une pensée polarisée : c’est-à-dire noir ou blanc, soit c’est parfait, soit c’est à refaire ;
  • Des problèmes pour définir ce qui est important et urgent ;
  • Une proportion à baisser les bras et à abandonner des projets ;
  • Une forte anxiété et un stress élevé provoqués par la non-atteinte des objectifs.

Vous vous êtes reconnus dans cette description ? La suite risque de fortement vous intéresser !

Utiliser les techniques anti-perfectionnistes

Prendre conscience de son penchant perfectionniste

sortir de la dépression psychologie burnout

La première étape est de se rendre compte de son  « défaut ». Tant que vous n’aurez pas réalisé tous les effets négatifs de votre perfectionnisme, vous n’arriverez pas à provoquer le changement.

Votre comportement affecte forcément vos proches, votre entourage professionnel, vos rapports sociaux, etc. Vous devez noter tous les effets négatifs sur tous les aspects de votre vie et les noter noir sur blanc, pour concrétiser votre démarche.

À partir du moment où vous aurez réellement compris que votre comportement n’est pas  « normal », alors vous tenterez tout pour le changer.

Modifier son niveau d’attente

Vous êtes perfectionniste, par définition vous avez des attentes, des objectifs et des ambitions bien trop élevés. Votre échelle de valeurs dépasse de loin les ambitions du commun des mortels. C’est bien de vouloir atteindre l’excellence, mais le problème c’est que vos objectifs sont humainement irréalisables.

Ce qu’il faut faire : baisser vos attentes d’un cran, acceptez ces nouveaux objectifs  « imparfaits », mais tellement satisfaisants lorsque vous les aurez (enfin) remplis.

Définir des objectifs précis

Il faut se l’avouer, nous ne pouvons pas être bons en tout. Si nous arrivons à être excellents dans au moins un domaine, c’est déjà une exception. Pour y arriver, le mieux est de choisir son cheval de bataille et de ne pas s’éparpiller.

N’oublions pas que le perfectionnisme se cache dans les détails. Il vous faudra une priorisation solide de ce qui est important. La technique et de définir un cadre dès le début, en utilisant la méthode S.M.A.R.T. C’est-à-dire, la définition d’un objectif :

  • Simple : il doit être clair, précis et facile à comprendre par la personne qui doit le réaliser, mais également par tous pour qu’il ait une légitimité aux yeux de tous ;
  • Mesurable : il est impossible d’avoir un objectif sans pouvoir le mesurer. Il faut pouvoir évaluer les moyens (humains et matériels) à mettre en œuvre et les retombées des actions effectuées ;
  • Atteignable : il doit être assez ambitieux pour être motivant, mais assez raisonnable pour être accepté par les différents acteurs. Le risque ne doit pas être trop grand ;
  • Réalisable : il doit être pertinent, il doit motiver, donner envie et ne pas pousser à l’abandon ;
  • Temporellement défini : c’est-à-dire avec une deadline précise, il peut y en avoir plusieurs si c’est un projet en plusieurs étapes.

Être indulgent envers soi-même et les autres

Le perfectionnisme rime de manière systématique avec exigence. Vous pouvez non seulement être très exigeant envers vous-même, mais également envers les autres. Imposer votre niveau d’attente aux autres n’est pas un cadeau ni pour vous ni pour eux.

Soyez à l’écoute de votre entourage, ils seront souvent un excellent radar anti perfectionnisme :

  • Faites attention à leurs réactions : cela vous rappellera de maîtriser votre penchant ;
  • Apprenez à déléguer : en tant que perfectionniste, cela peut être compliqué de se dire que l’autre peut faire aussi bien que vous. Déléguer est donc un excellent exercice.

Pratiquer le journaling 

Nous sommes d’accord, le journaling c’est surtout LA nouvelle tendance du moment, mais cette pratique permet d’aller bien plus loin qu’il n’y paraît ! Véritable outil de développement personnel, voici comment vous pourrez l’utiliser.

bullet journal journaling développement personnel

Le journaling est jalonné de plusieurs petites pratiques quotidiennes qui aide à prendre du recul sur soi-même, son quotidien, ses émotions, etc. Dans le cadre d’un changement de comportement lié au perfectionnisme, de petits exercices très simples à mettre en œuvre existent :

  • Créer une liste d’objectifs (S.M.A.R.T.) mensuelles : cela vous permettra de mettre en place un cadre et de ne pas vous éparpiller. Vous pourrez toujours y revenir tout au long du mois pour garder le cap ;
  • Faire un bilan hebdomadaire sur les “plus” et les “moins” de la semaine passée : vous pourrez ainsi travailler sur vos points à améliorer, mais également vous réjouir de petites victoires ;
  • Faire un bilan des 6 mois de vos grosses réussites, mais aussi de vos échecs. Il est important de rebondir sur ces derniers pour continuer à travailler sur l’anti perfectionnisme ;
  • Noter vos émotions : après un rendez-vous client, après avoir décroché un nouveau contrat ou au contraire perdu un marché. Prendre du recul et faire une rétrospective sur votre manière de réagir est très bénéfique pour votre développement personnel.

Beaucoup d’autres exercices existent, mais c’est aussi vous dans votre pratique qui adapterez votre bullet journal.

Respecter les deadlines

Respectez une date de livraison est très compliqué pour une personne perfectionniste. En vous perdant dans les détails vous oubliez la notion de temps et surtout vous le gâchez… beaucoup. Allez à l’essentiel et définissez ce qui est important et urgent, c’est la clé. Le mot d’ordre c’est la PRO-DUC-TI-VI-TÉ !

Si vous éprouvez des difficultés à prioriser vous pouvez utiliser la Matrice d’Eisenhower. Dwight Eisenhower, le 34e président des Etats-Unis avait un excellent sens de la productivité. Il a développé un outil permettant de prioriser ses tâches et de ne s’occuper que de ce qui est important.

Sa matrice comporte quatre paramètres :

  1. Ce qui est urgent et important (les tâches que vous devez faire immédiatement) ;
  2. Ce qui est important, mais pas urgent (les tâches que vous programmerez pour plus tard) ;
  3. Puis ce qui est urgent, mais pas important (les tâches que vous devriez déléguer à quelqu’un d’autre) ;
  4. et enfin ce qui est ni urgent ni important (les tâches que vous devriez éliminer).

Les tâches importantes sont celles qui vous permettent d’avancer dans vos objectifs personnels et professionnels, elles ne doivent pas être mises de côté. Vous mesurez leur importance par l’impact négatif qu’elles pourraient avoir si elles n’étaient pas réalisées.

Les tâches urgentes requièrent votre attention immédiate. Elles sont quasi systématiquement liées aux objectifs de quelqu’un d’autre. Elles ont des deadlines à respecter.

En utilisant la matrice, vous aurez une vision claire de la hiérarchisation de vos tâches.

L’exemple du lean startup

Le lean startup c’est mettre l’action au centre de tout. Je vous en ai parlé dans mon article pour vaincre la peur de l’échec avec la méthode du  « fast fail ». Plus globalement, le concept du lean startup est :

  • D’avoir une idée d’entreprise / de produit ;
  • Créer un prototype ;
  • Le lancer sur le marché pour le soumettre à l’opinion public ;
  • Le faire évoluer en fonction du feedback client (c’est ce qu’on appelle un pivot en langage startup) ;
  • Pour enfin accoucher d’un produit/d’une entreprise/d’un service qui correspond totalement aux besoins client sans avoir investi dans la « Recherche et Développement »  en amont.

Comment s’inspirer de cette méthode ?

Je vais vous donner un exemple. Imaginez, vous êtes perfectionniste, avant de lancer un projet vous allez tenter de blinder votre stratégie en parant à toutes les éventualités. En somme, vous allez tout faire pour avoir un projet parfait avant même de l’avoir réellement créé.

Toutes ces étapes vont vous prendre un temps considérable et vous allez finir par abandonner par peur que votre projet ne soit pas apprécié ou accepté. C’est normal, vous avez pris le problème à l’envers ! Vous vous êtes attaqué aux détails et vous vous y êtes perdu.

Le lean startup vous propose tout l’inverse. Peu importe que le projet soit abouti ou non, ce qui compte c’est l’action. Vous souhaitez écrire vos mémoires ? Commencez par publier des articles, que vous pourrez faire évoluer, modifier et assembler plus tard pour former votre œuvre. Vous apprendrez en faisant, vous aurez l’opportunité d’adapter votre contenu et votre style d’écriture à vos lecteurs.

Il n‘y a que du bon qui peut ressortir de l’action, car il y a toujours une amélioration à effectuer.

L’excellence plutôt que la perfection

La route sera surement difficile vers l’anti perfectionnisme, mais en appliquant consciencieusement tous les conseils cités dans cet article vous aurez d’excellentes chances d’amorcer le changement.

Plutôt que de vouloir atteindre la perfection, concentrez-vous sur ce qui vous tient vraiment à cœur. Vous pourrez ainsi tenter de viser l’excellence dans votre domaine de prédilection et mettre tous vos efforts vers ce seul but.

Ne vous sous-estimez pas, soyez clément avec vous-même, apprenez de vos erreurs et évoluez vers l’atteinte de vos objectifs (S.M.A.R.T.) !

Je vous parle dans cette vidéo de cas concret de certains des élèves de la formation Blogueur Pro qui ont su dépasser le perfectionnisme et avancer :