Être monopays, c’est le fait de naître, d’être éduqué et de faire l’écrasante majorité de ses études dans un pays ; mais aussi, ensuite, de travailler, de faire des enfants et de mourir dans ce même pays, voire de ne parler couramment que la langue principale de celui-ci.

Le monopayisme est un mot formé, vous l’aurez deviné, à partir du préfixe d’origine grecque mono-, qui signifie un seul, et pays.

Vous pourriez me dire ; « OK, super, mais quel est le problème exactement ? » Il n’y a pas de problème en tant que tel, mais cela crée des comportements inconscients qui méritent d’être étudiés ou expliqués.

Autrement dit, être monopays constitue un énorme angle mort de la majorité de la population. D’ailleurs, si vous connaissez des gens qui sont dans cette situation, c’est tout à fait normal. J’estime qu’il y a plus de 95 %, et même probablement plus de 98 % de la population qui vit selon ce schéma « monopays ».

Dans cet article, je voudrais donc en parler afin de vous donner la possibilité de rester dans ce mode de vie — ou de le quitter — de façon plus consciente.

Est-ce que les vacances « Club Med », ça compte ?

« D’accord Olivier, mais il y a quand même des gens qui font un peu de tourisme. Ce n’est pas être monopays, ça… » me rétorquerez-vous encore. Oui, c’est vrai. Mais la plupart partent plutôt en vacances de type « Club Med » où, clairement, ils n’ont pas trop l’occasion de se plonger dans d’autres cultures.

Par ailleurs, ils vont souvent dans des pays qui sont proches culturellement. Si vous vivez en Europe et que vous allez prendre vos vacances dans un pays européen, ce n’est pas là que vous allez avoir le plus grand dépaysement !

À ce propos, les deux pays où j’ai pris la plus grosse « claque » de décalage culturel, ce sont :

  • L’Inde ;
  •  Le Japon.

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Retour sur ma propre expérience : de la France aux Émirats arabes unis, en passant par l’Angleterre

Comme nous en sommes à parler de mon expérience personnelle, sachez que, depuis 2010 environ, je voyage 6 mois par an. Bien sûr, la pandémie m’a obligé à le faire un peu moins en 2020 et en 2021.

Cela fait aussi plus de 6 ans que j’ai quitté mon pays natal, à savoir la France, pour aller m’installer au Royaume-Uni et ensuite à Dubaï, où je suis toujours basé.

Au fur et à mesure que je me suis ouvert au monde, en le visitant et en vivant à l’étranger, je me suis rendu compte d’une chose intéressante : la plupart des gens ne connaissent pas vraiment d’autres pays que le leur.

Et surtout, je me suis aperçu de ce que cela signifie vraiment d’être monopays. Sans le savoir, je portais moi-même des « lunettes » qui me faisaient voir les choses de façon très particulière et biaisée.

Voyage en Inde

Prenons un premier exemple. Lors de mes voyages, j’ai visité l’Inde. Déjà en tant que touriste — pour peu que vous partiez un peu à la découverte et que vous ne restiez pas cloitré dans votre hôtel ou votre club, comme nous l’avons dit —, vous pouvez sentir clairement les différences culturelles.

Or, pour moi, l’Inde a vraiment été un choc. J’avais l’impression d’être sur une autre planète et d’y rencontrer des extraterrestres. Les contrastes en matière de traditions et d’habitudes sociales sont intenses. Qu’est-ce qui change ? Voici deux illustrations.

Une vache sacrée sur l’autoroute

Lorsque j’arrive pour la première fois à l’aéroport de New Dehli, sur l’autoroute, je vois trois voies — jusque-là, c’est plutôt normal. Mais sur ces trois voies, il y a peut-être quatre voitures côte à côte, plus un tracteur qui vient dans le sens inverse par la bande d’arrêt d’urgence.

Puis, d’un seul coup, l’engin fait une embardée. Pourquoi ? Parce qu’il y a une vache en plein milieu de l’autoroute ! Celle-ci, bien sûr, nous défie de faire quoi que ce soit — vous savez bien que là-bas, les vaches sont sacrées et qu’il est interdit de les déplacer.

Autrement dit, si elles veulent aller sur l’autoroute, elles y vont et tant pis pour les voitures.

Des amis qui se tiennent par la main

Autre illustration de la différence culturelle. Lors de mon voyage, je suis surpris de voir des hommes se tenir la main dans la rue. Je me dis : « C’est dingue, est-ce que l’Inde est vraiment si ouverte à l’homosexualité ? » Pas vraiment, puisqu’à l’époque, c’est même interdit.

J’ai découvert la réponse ensuite : en fait, en Inde, quand vous êtes bon ami avec un homme, vous pouvez très bien vous tenir par la main dans les lieux publics. C’est quelque chose de normal et d’apprécié.

Pour un Occidental, en revanche, c’est assez peu habituel, voire plutôt étonnant ! Pensez-y : jamais, ou presque, vous ne prendriez la main d’un ami. Cela paraît en dehors de notre réalité.

Vivre dans un autre pays pour ne plus être monopays

Regardons maintenant plus loin et voyons en quoi la perception change lorsque vous ne vous contentez pas de voyager dans un autre pays, mais que vous partez y vivre.

Expérience sanitaire à Londres

La plupart des Français sont absolument certains que la sécurité sociale est le meilleur système de santé du monde. Je peux vous le dire en toute confiance puisque je suis Français et que c’est ce que je pensais avant que de commencer à voyager. Or, c’est quelque chose de totalement faux.

Lorsque je suis arrivé en Angleterre et que je suis allé chez le médecin pour la première fois, je lui ai demandé à la fin de la consultation : « Combien je vous dois ? »

Et là, la médecin me regarde et elle me dit : « Mais comment ça, combien vous me devez ? »

Je suis étonné. Je lui réponds : « Oui, il faut bien que je vous paie la consultation ».

C’est elle qui rigole maintenant et qui me dit : « Ahah ! I see, you are French » (« Je vois bien que vous êtes Français »).

Que s’est-il passé ?

Eh bien, je l’ignorais, mais en Angleterre le système de santé est entièrement gratuit. On ne paie pas un seul centime. Tout est gratuit de A à Z, y compris les hôpitaux. En plus, les cotisations sociales sont trois fois moins chères.

Eh oui ! Souvent, en France, nous avons cette idée que les pays anglo-saxons vont laisser les gens pauvres mourir dans la rue au moindre rhume. C’est complètement faux.

Après, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Le système de santé en France est d’excellente qualité. Ça, c’est clair. En Angleterre, il est d’une qualité un peu inférieure, je dirais peut-être à 80 % du système français. Oui, mais il coûte 3 fois moins cher. Donc, clairement, le rapport qualité/prix en Angleterre est infiniment meilleur que le système en France.

Le système d’imposition à Dubaï

Actuellement, je vis à Dubaï. Ce qui surprend énormément les gens, c’est qu’il n’y a pas d’impôt. Il y a 0 % d’impôt sur les sociétés, 0 % d’impôt sur le revenu. Il n’y a pas non plus d’impôts sur les gains en capitaux. Et cela, c’est juste hallucinant pour les Européens que nous sommes.

C’est intéressant parce que, si vous vivez dans un pays occidental, il paraît évident que l’État doive lever des impôts pour avoir un budget. Autrement dit, vous ne pouvez pas imaginer qu’il soit possible de faire autrement.

Mais si vous allez à Dubaï, vous vous rendez compte qu’il est tout à fait possible d’utiliser d’autres moyens pour un État que d’imposer sa population. Ça ouvre sur de nombreuses possibilités.

Alors quand vous vous rendez compte que votre environnement social vous a dit toute votre vie que payer des impôts était très important, eh bien vous vous demandez si ce n’est pas de la propagande ou une vue biaisée, et vous vous demandez enfin si un autre modèle n’est pas adaptable dans votre culture d’origine.

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Les apprentissages du voyage et de la vie dans plusieurs pays

Relativiser ses propres normes culturelles

En voyageant, vous vous rendez compte que toutes les normes dans lesquelles vous avez été baigné depuis votre enfance sont juste des inventions humaines.

Mais les valeurs, les normes et les habitudes de votre culture d’origine n’ont pas à vous déterminer pour le restant de vos jours. Vous pouvez choisir de rejeter une certaine partie de cet héritage si vous le souhaitez.

Chaque culture considère certaines choses comme vraies ou fausses, bonnes ou mauvaises, etc. Vous mettre en lien avec ces personnes étrangères peut vous forcer à changer de perspective et, de ce fait, à interroger vos propres origines.

Être plus critique vis-à-vis des discours politiques

Lorsque vous n’avez pas de points de comparaison avec d’autres pays, c’est-à-dire lorsque vous êtes monopays, vous risquez d’être plus facilement manipulable par les politiciens ou d’autres orateurs de talent. Ceux-ci vont vous affirmer des choses sur le fonctionnement du pays dans lequel vous vivez. Et vous les croirez sans nuance !

Certains vous diront : « Dans notre pays, le système de santé ne fonctionne pas bien » (ou l’inverse). Comme vous avez peu de points de comparaison, vous ne savez pas si la personne dit la vérité ou pas.

Plongé dans une seule culture, il vous sera difficile de repérer les points positifs et les points négatifs du système en place dans votre pays, ainsi que les choses qui pourraient être améliorées, celles qui devraient être abandonnées ou celles qui sont très bien comme ça.

En vivant ou en voyageant dans plusieurs régions du monde, au contraire, vous pouvez faire des comparaisons et être plus critique vis-à-vis des discours dominants dans votre pays natal ou de résidence.

Or, c’est un sacré avantage que de devenir moins moutonnier et plus apte à la discussion sur les modèles politiques.

Augmenter son propre degré de liberté et créer l’aventure de sa vie

Vous l’aurez compris, le problème du monopayisme, c’est le fait de manquer de points de vue différents sur le monde et donc d’accepter de manière naturelle — comme un réflexe automatique — des choses inculquées depuis l’enfance.

Conséquence : cela est une atteinte considérable à la liberté. En fait, cela diminue concrètement la capacité de chacun à se créer sa propre vie. Pris dans les normes d’un pays, une personne n’a pas le recul nécessaire pour les analyser.

À l’inverse, en vous ouvrant à d’autres cultures, en commençant à voyager, en pensant à passer du temps avec les locaux et, de facto, moins de temps dans votre propre pays, vous ouvrirez votre esprit et deviendrez capable de créer votre propre culture.

Prendre conscience et profiter des avantages de son pays d’origine

Dernier avantage : vous allez vous rendre compte qu’il y a des tas de choses qui fonctionnent bien dans votre pays, ou qui fonctionnent de manière différente, mais satisfaisante. En France, par exemple, nous bénéficions de ressources artistiques et d’un patrimoine historique exceptionnel. Savoir véritablement reconnaître les atouts de son pays d’origine est quelque chose de précieux.

Être monopays ou « multipays » ? Quelques conseils avant de partir

Finalement, mon conseil principal est simple : essayez de vous extirper un peu de votre culture d’origine (ou actuelle). Je ne suis pas en train de dire que tout est parfait ailleurs ou que tout est à jeter dans la culture de votre pays natal. Loin de là ! Je crois que pour pouvoir apprécier ce qui est bien chez vous, il faut aussi se donner une perspective élargie sur le monde.

Si vous voulez acquérir une plus grande liberté, commencez par prendre des vacances à l’étranger. Le Club Med, pourquoi pas, mais je vous recommande de ne pas y rester trop longtemps. Le but, c’est vraiment de vous mettre en contact avec la culture locale, avec les gens. Idéalement, il est préférable d’y aller pour étudier, pour vivre, etc.

Si vous êtes jeune et étudiant, pensez à faire un Erasmus. C’est juste extraordinaire ! Cela ne changera peut-être pas votre vie, mais vous pourrez découvrir une autre culture et rompre avec le monopayisme. Au moins pendant quelques mois !

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Dans tous les cas, souvenez-vous : en vous connectant à toute la richesse du monde, vous ouvrirez vos chakras et vous construirez votre propre liberté.