Eric Larchevêque, créateur de Ledger et investisseur star de l’émission Qui veut être mon associé ?, m’a fait l’honneur d’écrire la préface de mon nouveau livre « Tout le monde n’aura pas la chance de quitter son pays – Plus libre, plus heureux et moins taxé : comment s’évader intelligemment« .

Préface : L’ère des révolutions technologiques

Dès la création de ma première startup en 1996 – à l’époque où Internet supplantait le Minitel – j’ai vu à quel point la transformation technologique pouvait avoir un impact sur la société.

Nous vivons une période charnière où les avancées numériques rebattent les cartes du pouvoir traditionnel.

Les États-nations, longtemps piliers incontestés de l’organisation sociale et économique, se voient aujourd’hui confrontés à des technologies exponentielles qui transcendent les frontières.

Internet a déjà érodé certaines prérogatives étatiques ; désormais, les crypto-actifs et l’intelligence artificielle accélèrent cette transformation. Les gouvernements doivent adapter leur souveraineté à un monde décentralisé, sans quoi ils risquent de la voir émiettée par des acteurs privés ou des communautés digitales autonomes.

Bitcoin : une monnaie libre face aux États et aux banques centrales

Au cœur de cette métamorphose technologique, Bitcoin s’impose comme bien plus qu’une nouvelle monnaie. C’est un étendard de liberté financière, « une monnaie sans banque ni État », pour reprendre l’intitulé d’une de mes conférences.

Bitcoin bouscule le monopole monétaire des banques centrales en proposant un système d’échange décentralisé, transparent et ouvert à tous. À mes yeux, il représente même la forme de monnaie la plus aboutie – fruit d’une double révolution, à la fois technologique et monétaire​.

J’ai découvert Bitcoin en 2013 avec cette conviction intime qu’il cochait toutes les cases, tant sur le plan philosophique qu’économique​.

Entrepreneur dans l’âme, j’ai toujours été attaché à la liberté et à la souveraineté individuelle sur ses biens et son propre argent​.

C’est pourquoi la promesse de Bitcoin m’a paru si forte : pour la première fois, chacun peut détenir une richesse qui lui appartient en propre, sans dépendre d’une autorité centrale.

Cette vision, je l’ai mise en pratique de façon personnelle et assumée. J’ai non seulement co-créé plusieurs entreprises dans cet univers, comme Coinhouse et Ledger, et très tôt, j’ai fait le choix audacieux d’adosser l’essentiel de mon patrimoine à Bitcoin, par cohérence avec mes principes. Je ne possède quasiment plus d’actifs libellés en monnaie fiduciaire traditionnelle. La majorité de mes avoirs est en bitcoins, car je ne crois pas en l’euro, que je considère comme une monnaie du passé.

Je me méfie de l’argent-dette émis à foison et érodé par l’inflation.

En fait, je ne pourrais pas dormir tranquillement si le fruit de tout mon travail était stocké en euros ou en dollars voués à se déprécier.

Pour moi, le Bitcoin n’est pas un investissement, mais un aboutissement.

Bien sûr, une telle position n’engage que moi – et je ne conseille à personne de reproduire aveuglément cette stratégie – mais elle illustre la confiance inébranlable que j’accorde à cette nouvelle monnaie libre.

Bitcoin, par sa nature, remet en question le paradigme établi : il redonne à l’individu le contrôle de son épargne, face à des monnaies fiat soumises aux politiques parfois imprévisibles des États. En cela, il s’aligne parfaitement avec l’aspiration profonde de ce livre : reconquérir nos libertés financières dans un monde où trop de forces cherchent à les restreindre.

Régulation : un équilibre entre innovation et contrôle

Évidemment, cette quête de liberté par la technologie ne se fait pas sans défis ni responsabilités. Les crypto-actifs et les nouvelles plateformes décentralisées ont d’abord évolué dans un Far West numérique, avec son lot de pionniers visionnaires mais aussi d’aventuriers imprudents. Nous l’avons vu avec certaines dérives récentes : l’absence de règles claires a permis à des acteurs peu scrupuleux de prospérer, jusqu’à provoquer des scandales retentissants (l’affaire FTX étant un triste exemple).

Il est donc naturel que la tendance soit aujourd’hui au renforcement de la régulation dans l’écosystème crypto. D’ailleurs, j’ai moi-même travaillé pour faire entendre notre voix auprès des autorités : participer à des missions d’information parlementaires, recruter des spécialistes des affaires publiques… tout cela afin d’œuvrer à un cadre sain et durable pour le secteur​.

Je suis convaincu qu’une régulation intelligente est non seulement nécessaire, mais bénéfique sur le long terme. Assainir l’industrie des crypto-actifs, protéger les utilisateurs contre les fraudes les plus grossières, instaurer un climat de confiance – voilà qui favorisera une adoption plus massive et sereine.

Cependant, j’insiste : il nous faut trouver un point d’équilibre subtil. Le plus grand danger serait de tuer la compétitivité européenne à force de légiférer à outrance​.

À vouloir trop brider l’innovation naissante, on risquerait de voir émerger les géants de la finance décentralisée ailleurs – aux États-Unis, en Asie – et de laisser l’Europe à la traîne.

J’espère ardemment que nos gouvernants l’ont compris, et qu’il est possible de protéger le consommateur sans étouffer l’entrepreneur, de réglementer sans délocaliser l’innovation à l’étranger​. Et cela est valable pour tous les secteurs : l’histoire récente nous enseigne que les pays ou régions qui embrassent le progrès technologique en fixant des règles claires mais encourageantes deviennent les fers de lance de ces révolutions, tandis que les autres en subissent simplement les conséquences décidées ailleurs.

Cette réflexion s’étend bien sûr à la fiscalité. À l’heure actuelle, en France notamment, la fiscalité reste excessivement lourde – pour ne pas dire confiscatoire – pour tout entrepreneur qui souhaite créer de la valeur.

Taxer outrageusement des pionniers souvent idéalistes et des petits investisseurs revient à brider un écosystème naissant et, pire, à dissuader toute déclaration honnête​.

En dissuadant la transparence, on obtient l’inverse du but recherché. Il est impératif de réformer ces approches fiscales et réglementaires avec bon sens : encourager l’innovation locale, garder les talents et les capitaux chez nous, tout en encadrant suffisamment pour éviter les abus.

C’est seulement ainsi que nous préserverons notre souveraineté technologique tout en permettant à nos concitoyens de profiter pleinement de ces nouvelles opportunités.

Un futur à conquérir : plus de liberté, moins de contraintes

Le livre que vous tenez dans les mains est à la fois un avertissement et un appel à l’action. En effet, si nous n’y prenons garde, le monde hyper-connecté qui se profile pourrait tout aussi bien devenir un terrain de surveillance généralisée et de restrictions croissantes, qu’un espace d’émancipation inédite.

La différence tiendra à notre capacité, en tant qu’individus, à nous saisir intelligemment des outils à notre disposition pour reconquérir nos libertés.

Les nouvelles technologies offrent une promesse d’autonomie : jamais il n’a été aussi facile de s’informer, de communiquer, d’entreprendre au-delà des barrières géographiques. Il est désormais possible de déplacer sa résidence fiscale ou de travailler à distance depuis l’endroit de son choix, de diversifier son épargne hors des circuits traditionnels, ou encore de choisir une monnaie d’échange qui échappe à l’impression monétaire effrénée des banques centrales.

Ce livre vous propose précisément un chemin pour “s’évader intelligemment”, c’est-à-dire profiter des ouvertures qu’offre la mondialisation numérique afin d’être « plus libre, plus heureux et moins taxé ». En tant qu’entrepreneur et investisseur, j’ai toujours pensé que la liberté se conquiert – qu’il s’agisse de liberté financière, géographique ou d’expression.

Personne ne la donnera sur un plateau d’argent à ceux qui restent passifs. À travers mon parcours, j’ai appris qu’il fallait souvent innover en marge des sentiers battus pour gagner en indépendance. Le Bitcoin en est un formidable exemple : ce sont des initiatives venues de la base, quasi insurrectionnelles au départ, qui ont forcé le débat et ouvert de nouvelles voies en dehors des monopoles d’État. Désormais, il revient à chacun d’oser emprunter ces nouvelles voies.

Plus libre, plus heureux, moins taxé – cette promesse fait écho à mes convictions profondes. Je suis persuadé qu’en adoptant une vision globale et les technologies appropriées, il est possible de reprendre en main son destin face à des systèmes parfois oppressants ou obsolètes. Certes, le chemin n’est pas sans embûches : il faut naviguer entre les contraintes légales de différents pays, se former à des concepts nouveaux, accepter une part d’incertitude. Mais l’enjeu en vaut la chandelle. En choisissant judicieusement vos batailles – de la gestion de votre patrimoine à l’arbitrage de votre lieu de vie, en passant par les outils numériques que vous utilisez – vous pouvez réellement accroître votre marge de manœuvre et réduire l’emprise de ceux qui voudraient décider à votre place.

Olivier Roland l’a bien compris, et c’est pourquoi cet ouvrage est particulièrement précieux. Il ne s’agit pas d’un manifeste technologique de plus, ni d’un guide fiscal austère, mais d’un véritable passeport pour la liberté. En lisant ces pages, vous découvrirez comment agir dès aujourd’hui pour ne pas subir demain. Vous apprendrez comment d’autres ont réussi à s’extraire (légalement) de carcans qui semblaient indépassables, comment la créativité et l’audace permettent de contourner bien des obstacles que l’on croyait gravés dans le marbre.

En tant que témoin et acteur de la révolution Bitcoin et de l’essor des nouvelles technologies, je mesure à quel point le futur appartient à ceux qui embrassent le changement. Cette préface est l’occasion pour moi de réaffirmer que, malgré les incertitudes, je reste résolument optimiste. Oui, les États-nations évoluent et devront redéfinir leur rôle. Oui, les crypto-actifs comme Bitcoin redistribuent les cartes du pouvoir monétaire. Oui, la régulation et la fiscalité doivent s’adapter sous peine d’étouffer la poule aux œufs d’or. Mais plus que tout, l’individu n’a jamais eu entre ses mains autant de leviers pour être libre.

Puissiez-vous puiser dans ce livre l’inspiration et les clés pratiques pour tracer votre propre route vers davantage de liberté. L’époque est propice aux audacieux qui sauront tirer parti des évolutions en cours sans perdre de vue l’essentiel : vivre libre et responsable, aujourd’hui comme demain.

Éric Larchevêque (Entrepreneur, investisseur, cofondateur de Ledger, Coinhouse et ALGOSUP)